الأربعاء، 21 مايو 2025

PARLER D’ARCHITECTURE DEVIENT DIFFICILE… POURQUOI LE MOT “CONCOURS” FAIT-IL SI PEUR ?

Aujourd'hui, il est décidément difficile de parler sérieusement d'architecture. Ce n'est pas que les idées manquent. Ni que les talents font défaut. C'est que les mots eux-mêmes sont devenus piégés, vidés de leur portée critique, remplacés par des tournures technocratiques

On peut être frappé, par exemple, de constater que les responsables publics en charge de l’architecture évitent soigneusement certains termes. Ils ont évité, par exemple, de parler de "concours" d’architecture public. Quand il s’agit de stimuler la création ou de garantir l’équité, le mot "concours" devrait, en effet, être au cœur du vocabulaire. Mais à la place de "concours", on nous parle d’"avis d’appel d’offres", ou même de "consultation restreinte". Ces formules sont administratives, froides, dépourvues d’âme. Au fond, elles finissent par réduire l’acte architectural à un simple processus de sélection et à un acte de foi en l’économie

Et pourtant, on parle d’œuvre. Et à travers ce mot, c’en est un autre qu’on parle. Un mot qui, encore et toujours, renvoie à cette chose même qu’on refuse d’appeler par son nom. Un mot qui ne dit, en fin de compte, rien d’autre que ce qu’exprime cette très jeune discipline qui a les arts pour objet. Comme si ce mot pouvait subsister dans un système qui refuse d’en reconnaître les conditions d’émergence

En refusant de nommer le concours, les décideurs publics affaiblissent le débat. Pire, ils contribuent à une invisibilisation de l’architecture dans les politiques publiques. On continue à parler de développement durable, de cadre de vie, de cohésion urbaine… mais sans poser la question centrale de qui conçoit, pour qui, et dans quelles conditions

Il ne faut pas se méprendre : nous ne défendons pas ici un privilège réservé à une élite. Le concours est, au contraire, un outil de démocratisation de la commande, qui permet à des gens pas comme les autres, à des façons de faire pas comme les autres, d'accéder à des commandes publiques de grande ampleur et à des places publiques

Tant qu’on évite d’en parler, tant que ce mot reste un tabou, il sera fort difficile d’aller au-delà des effets d’annonce. L’architecture sera cantonnée aux marges du discours, alors qu’elle devrait être au cœur de la plus grande part de nos préoccupations collectives

Parler d’architecture, ce n’est pas réciter des intentions. C’est prendre sa position. C’est poser ses choix concrets. C’est savoir qu’après tout, une œuvre digne de ce nom se doit d’avoir un terrain fertile pour naître

Et ce terrain commence par un terme : Concours

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